80 km/h: le Sénat rejette un assouplissement du permis à points

Le Sénat à majorité de droite a rejeté mercredi une proposition de loi centriste pour réduire de six à trois mois le délai nécessaire pour récupérer un point sur le permis de conduire, en contrepartie de l'abaissement à 80 km/h de la vitesse sur les routes secondaires.

La sénatrice de l'Ain Sylvie Goy-Chavent avait déposé cette proposition de loi, co-signée par une centaine de ses collègues, en amont de l'entrée en vigueur au 1er juillet 2018 de l'impopulaire limitation à 80 km/h de la vitesse sur les routes secondaires.

Elle a été rejetée en première lecture par 260 voix (LR, PS, LREM, CRCE à majorité communiste) contre 84 (centristes, majorité du groupe RDSE, Indépendants).

Mme Goy-Chavent a de nouveau dénoncé mercredi la limitation à 80 km/h comme "une décision de statisticiens et de technocrates". Selon elle, l'aménagement du permis à points "serait une compensation sur un choix gouvernemental que les conducteurs estiment injuste".

"En zone rurale ou péri-urbaine (...) le permis de conduire est une nécessité, sans permis de conduire, vous êtes socialement mort", a-t-elle plaidé.

Mais le contexte a changé: en ouverture du grand débat, Emmanuel Macron a amorcé un recul sur les 80 km/h, se disant prêt à des exceptions locales.

Le rapporteur PS de la commission des Lois Jean-Luc Fichet a ainsi jugé "d'autant plus" souhaitable de "surseoir à légiférer" sur une mesure "à l'utilité incertaine" et qui pourrait avoir "un impact négatif" en matière de sécurité routière.

"On ne répond pas à une mesure contreproductive par une autre mesure qui pourrait être contreproductive", a affirmé l'un des plus fervents opposants aux 80 km/h, Michel Raison (LR).

"Quand j'ai un caillou dans ma chaussure, je ne prends pas du paracétamol parce que j'ai mal au pied, j'enlève ma chaussure et je retire le caillou", a-t-il expliqué, affirmant que "la seule mesure est que le gouvernement revienne à la sagesse" sur les 80 km/h.

© 2019AFP