24 H du Mans: Alpine "investie d'une mission particulière"

Une Alpine bleu de France était en tête de la catégorie LMP2 au bout de la nuit des 24 Heures du Mans, comme un symbole alors que l'avenir commercial de la marque longtemps endormie s'éclaircit enfin.

Sur place, les membres de l'écurie française disaient se sentir "investis d'une mission particulière" au Mans, où la marque du groupe Renault a connu des heures glorieuses.

Compétitive et régulière, l'Alpine A460 N.36, pilotée par Nicolas Lapierre, Stéphane Richelmi et Gustavo Menezes, pointait même au 6e rang du classement général, à 6 heures du matin, tandis que la N.35 était 10e, trois tours derrière.

"On est sur un tableau de marche qu'on maîtrise avec la 36, alors que sur la 35 l'équipage est un petit peu moins homogène", confiait le team-manager de l'écurie Signatech Alpine, Philippe Sinault, après "un début de course difficile, de par les conditions météo".

Un déluge s'est abattu sur le circuit de la Sarthe juste avant le départ, douchant l'enthousiasme des 60 équipages et obligeant les pilotes à prendre le départ au ralenti, derrière la voiture de sécurité.

"On a tous les éléments pour nous permettre d'être éligibles à la victoire, mais ce n'est pas nous qui allons décider, c'est la course", philosophait Sinault en début de nuit, disant redouter "la pluie, le hasard et le manque de réussite".

Mais à l'instar de Ferrari ou Ford, qui rééditent cette année leur duel des années 60, un demi-siècle plus tard dans la catégorie GTE-Pro, l'histoire d'Alpine est étroitement liée à celle du Circuit des 24 Heures, ce monument historique et moderne de 13,629 km.

"On se sent investis d'une mission particulière (...) On s'efforce non seulement de véhiculer les valeurs mais de continuer à augmenter le palmarès de cette formidable marque", argumente Sinault.

"Nico" Lapierre, l'un des pilotes de la N.36, n'avait que 11 ans quand les dernières Alpine ont été commercialisées, des A610 sorties en 1995 des chaînes de l'usine de Dieppe (Seine-Maritime).

"Alpine, je connaissais, mais c'est plus la génération de mon père", explique-t-il entre deux relais. "Quand je leur parle de la marque, ils ont les yeux qui brillent, ça représente quelque chose d'assez fantastique", assure-t-il.

 

Le retour de la berlinette 

C'est sur cette cote d'amour que mise la marque du groupe Renault avec le prototype "Alpine Vision" préfigurant la future berlinette, attendue l'an prochain dans sa version définitive.

Ce coupé râblé, présenté en février dernier par le PDG de Renault, Carlos Ghosn, représente un espoir de montée en gamme, pour servir aussi de vecteur d'image international.

Exposée au QG manceau d'Alpine à côté de son illustre aïeule, l'A110 championne du monde des rallyes au début des années 1970, elle attire des centaines de badauds qui se collent aux vitres pour en examiner les détails.

"Ce sont les vrais passionnés qui sont là. Ca ne fait que trois mois que je suis dans l'équipe Alpine, et si j'ai un rapport d'étonnement positif, c'est la profondeur de la passion pour Alpine qui existe toujours", assure le nouveau directeur général, Michael van der Sande.

L'usine historique de Dieppe est mobilisée et vient d'embaucher pour industrialiser ce modèle attendu en concessions l'année prochaine. Une fois qu'elle sera prête, la "berlinette du XXIe siècle" a vocation à courir elle aussi, révèle-t-il.

"Notre priorité absolue maintenant, c'est de terminer le développement de la voiture de route et, dans plusieurs années, on va sans doute se mettre sur la compétition", annonce le dirigeant.

Le directeur du marketing d'Alpine, Arnaud Delebecque, évoque pour sa part des produits spécifiques destinés aux propriétaires de la future berlinette "pour qu'ils aillent s'amuser sur un circuit ou dans des rallyes".

Alpine promet des accélérations dignes d'une Porsche 911 pour sa voiture équipée d'un quatre cylindres turbocompressé. Bien que le prix n'ait pas encore été divulgué, "nous avons reçu plusieurs chèques, que nous avons renvoyés", les réservations n'étant pas encore ouvertes, se réjouit M. Delebecque.

Cette volonté de s'adresser en priorité aux passionnés, et non au grand public, explique qu'Alpine fasse pour l'instant l'impasse sur les salons automobiles: on n'admirera pas la Vision au Mondial de Paris début octobre, selon M. van der Sande.

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