1.000 ex-salariés accusent Goodyear d'exposition à des "produits dangereux"

Le fabricant de pneumatiques américain Goodyear a été assigné devant le tribunal de Nanterre par quelque 1.000 ex-salariés de l'usine d'Amiens qui accusent leur ancien employeur de les avoir sciemment exposés à des produits dangereux, a-t-on appris mardi de sources concordantes.

Goodyear Amiens-Nord avait fermé son usine en janvier 2014, après un bras de fer de plus de six ans entre le personnel et la direction, entraînant la disparition de 1.143 emplois.

Ces ex-salariés estiment avoir été "exposés à des produits dangereux sans les informer pour des raisons de coûts", a expliqué à l'AFP Mickaël Wamen, ex-leader de la CGT de l'usine. "Dans l'objectif de gagner du pognon sur le prix du pneu fabriqué, Goodyear nous a mis en danger", a-t-il résumé.

L'entreprise a exposé les ex-Goodyear "à des substances nocives sans protection alors qu'il existait des substituts" et a "volontairement omis de prévenir et informer ses employés des risques que l'usage de ces produits chimiques et processus de fabrication pourraient avoir sur leur santé", peut-on lire dans l'assignation devant le TGI, dont l'AFP a reçu copie.

Parmi les produits mis en cause : les "hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP)", le "styrène" ou encore les "amines aromatiques", peut-on aussi lire dans ce document envoyé lundi à l'entreprise américaine par l'avocat des salariés, Me Fiodor Rilov.

"Ces actes fautifs ont directement causé le dommage physique ou/et moral et autres problèmes de santé de plusieurs centaines d'employés de l'usine d'Amiens nord (...) Certains en sont déjà morts alors que d'autres ont subi une augmentation des risques de souffrir de problèmes de santé à l'avenir", a indiqué l'avocat dans cette assignation, pointant également des "dommages pécuniaires importants".

Il a aussi cité plusieurs cas d'ex-employés malades, comme celui d'un salarié ayant travaillé dans cette usine pendant 34 ans et "qui a développé un cancer de la vessie" causé "directement" par "le fait de son emploi à l'usine". Ainsi, "Goodyear doit être tenu responsable pour les préjudices causés aux demandeurs".

En 2014, une plainte pour des raisons similaires avait été déposée auprès du tribunal d'Akron, dans l'Ohio, ville où se trouve le siège de l'entreprise, mais les salariés ont été déboutés par le tribunal qui a considéré que ce procès devait avoir lieu en France, a affirmé Me Rilov.

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