10 000 € de Bonus pour le "diesel 10 ans d'âge"

Moins de pollution, plus d'électrons: le gouvernement va élargir l'assiette du bonus de 10.000 euros consenti aux acheteurs de véhicules électriques contre la mise au rebut d'un vieux diesel, un dispositif qui a déjà dopé les ventes de "zéro émission".

Même s'il est en progression à deux chiffres d'une année sur l'autre, le marché des voitures électriques reste encore anecdotique alors que les consommateurs se méfient de leur autonomie réduite. Six mois après avoir mis en place les 10.000 euros de bonus accordés à ceux qui laisseraient de côté leur diesel hors d'âge (plus de 14 ans) pour acquérir une automobile électrique, la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal a annoncé que les voitures de plus de dix ans seraient désormais éligibles à ce dispositif.

Ce bonus est entré en vigueur le 1er avril dernier pour les véhicules diesels antérieurs à 2001. Il doit concerner "un nombre plus important d'automobilistes, car plus de 15 ans c'est étroit", a déclaré Mme Royal sur iTélé.

Le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA) estime à 5,8 millions d'unités le nombre de voitures diesel de dix ans et plus circulant en France, soit plus du sixième du parc français qui était de 31,8 millions début 2015, mais moins de 30% du parc diesel.

Selon le directeur de la communication du CCFA, François Roudier, cette extension de l'assiette du bonus permet d'englober "3,5 millions de véhicules particuliers en plus" par rapport au dispositif précédent.

Ce dernier a déjà eu un effet très net sur les ventes françaises de voitures particulières électriques, selon Marie Castelli, secrétaire générale de l'Avere-France, l'Association nationale pour le développement de la mobilité électrique.

"D'après ce que nous disent les constructeurs, depuis avril et la mise en place de la mesure, plus de 50% des voitures électriques ont été vendues grâce à la mise au rebut d'un vieux diesel", a expliqué Mme Castelli à l'AFP, en soulignant que cette part varie selon les marques.

 

Moins de 1% du marché

Selon les derniers chiffres publiés par l'Avere-France, 11.779 véhicules particuliers électriques neufs ont été mis sur les routes françaises lors des neuf premiers mois de l'année, contre 6.929 lors de la même période de 2014, une progression de 70%.

La part de l'électrique reste toutefois modeste, environ 0,8%, puisque 1,42 million de voitures neuves ont été immatriculées dans l'Hexagone depuis janvier. Cette proportion était de 0,59% en 2014.

Mme Castelli s'est dite "ravie" de l'annonce de Mme Royal, d'autant plus que l'Avere-France avait milité au début de l'année pour un seuil à dix ans.

Chez Renault, leader du marché des voitures particulières électriques avec la Zoé, qui accapare quelque 60% des ventes en France et a presque doublé ses ventes en un an, une porte-parole a également salué la mesure gouvernementale, alors que "plus de la moitié des ventes Renault Zoé sur 2015 sont des reprises d'un véhicule diesel de plus de 14 ans", a-t-elle indiqué.

Renault a récemment augmenté l'autonomie annoncée de la Zoé à 240 km contre 210 auparavant, alors que l'angoisse de la batterie déchargée est citée comme l'une des barrières à l'achat de voitures électriques, outre leur prix élevé en regard des prestations.

Mme Royal a plaidé vendredi pour une baisse. "C'est pour ça que je vais lancer un appel à projets avec les plans d'investissements d'avenir pour que les industriels français, voire européens, mettent au point une voiture électrique populaire, grand public, dont le prix pourrait s'échelonner entre 5.000 et 8.000 euros", a-t-elle dit.

Cette annonce intervient dans le contexte d'une réflexion lancée par le gouvernement sur la suppression progressive, par exemple sur cinq ans, de l'avantage fiscal du diesel par rapport à l'essence.

"Ce que j'espère dans cinq ans, c'est que une voiture sur deux soit électrique. La vraie mutation, elle est là", a affirmé la ministre.

Mardi, l'institut "IFP Energies nouvelles" (IFPEN), avait publié une étude énonçant un scénario "réaliste" d'une pénétration de 10% du marché automobile européen par l'électrique à l'horizon 2030.

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