La Bourse entre espoir de la BCE et angoisse chinoise

Déboussolée par un début d'année désastreux, la Bourse de Paris attend avec angoisse la semaine prochaine la croissance chinoise, parallèlement à une réunion de la BCE, traditionnellement porteuse d'espoir même si aucune annonce ne se profile.

Les tribulations des places boursières chinoises dès les premières séances de l'année ont largement affecté le reste de la planète financière qui peine à redresser la tête depuis, souffrant en outre d'une érosion sans fin des prix du pétrole.

Dans ce contexte, la publication prévue mardi du Produit intérieur brut (PIB) chinois au 4e trimestre, accompagnée des ventes de détail et de la production industrielle en décembre prendra un relief particulier.

"Le marché attend clairement d'y voir plus clair et d'être rassuré sur la Chine", résume Pascale Seivy, responsable du conseil en investissement chez Pictet.

"Une bonne nouvelle pourrait mettre un peu d'huile dans le moteur et permettre à la place de repartir", ajoute-t-elle en regrettant les "amalgames" car "la Bourse chinoise ne reflète pas la santé de l'économie".

"Le PIB chinois pourrait ne pas être mauvais au regard des derniers chiffres de production publiés. En comme par ailleurs les anticipations du marché sont plutôt négatives, la publication a donc des chances d'être bien accueillie", analyse pour sa part Régis Bégué, directeur de la gestion Actions de Lazard Frères Gestion.

Une fois n'est pas coutume, le sujet pourrait même voler la vedette à la Banque centrale européenne dont les réunions sont traditionnellement le point culminant de la semaine.

"La BCE va sans doute passer au second plan cette fois-ci, le marché restant concentré sur la croissance chinoise", estime M. Bégué.

 

Plongeon de Renault

D'autant que contrairement à la précédente réunion de décembre, qui avait déçu les trop grands espoirs nourris par les marchés, la majorité des investisseurs n'anticipent pas d'annonces particulières pour celle de jeudi prochain.

"Nous ne voyons pas ce que la BCE peut faire de plus à ce stade, ni ce qui pourrait justifier une augmentation du montant des rachats d'actifs, à part pour faire plaisir aux marchés", souligne Mme Seivy.

Autre sujet qui ne risque pas de sortir des radars: la glissade des cours du pétrole, avec même un baril passé sous le seuil des 30 dollars cette semaine, ce qui a grandement mis les nerfs à vifs des marchés.

"Nous avons longtemps parlé des effets vertueux d'un pétrole faible pour la croissance mondiale. Ces bénéfices restent d'actualité", mais d'aucuns commencent à s'inquiéter "que les conséquences négatives surpassent le gain pour la croissance", observe Mme Seivy. De fait, poursuit-elle, cela alimente surtout le "pessimisme" ambiant.

"Il y a effectivement une forte corrélation entre la baisse de la cote et celle des cours du pétrole", note M. Bégué. Or selon lui, la faiblesse des prix du brut "reste un stimulus positif pour les économies occidentales" et ce d'autant plus qu'elle "n'est pas le signe d'une récession en cours" et que "la crainte d'un risque systémique lié à la faillite de certains opérateurs est une hypothèse inenvisageable à ce stade".

Mais le marché n'a pas plus réussi cette semaine que la précédente à prendre du recul face au pétrole ni à la Chine.

Sur la semaine écourtée qui vient de s'écouler, l'indice CAC 40 a perdu 2,85% pour terminer vendredi à 4.210,16 points. Ses pertes depuis le 1er janvier atteignent déjà 9,21%, soit davantage que ses gains de 2015.

Pour ajouter à la confusion, la place parisienne a aussi connu des émotions fortes avec le plongeon de plus de 20% en séance jeudi du constructeur automobile Renault, lié à une enquête de la répression des fraudes sur les moteurs diesel.

Comme le souligne, Régis Bégué, depuis le début de l'année, "le marché a pris tout le monde à contre-pied, alors que le mois de janvier est habituellement assez propice à la hausse. La baisse a été assez excessive par rapport aux nouvelles", de fait "peu nombreuses" et "pas vraiment mauvaises".

abx/jbo/fpo/jpr

© 2016AFP