Inde: Delhi, asphyxiée, impose une "taxe pollution"

Les camions et utilitaires entrant dans New Delhi devront payer une taxe à compter de dimanche, une décision prise pour tenter d'améliorer la qualité de l'air dans la capitale indienne, la plus polluée du monde.

Les camions sont interdits de circulation dans la ville pendant la journée mais chaque soir à compter de 20H00, plus de 50.000 entrent dans la mégapole, selon le Centre for Science and Environment (CSE), basé à Delhi.

Selon ce centre d'études indépendant, les camions représentent un tiers de la pollution à Delhi dont les émissions s'ajoutent au cocktail déjà très nocif de rejets industriels et de poussières des chantiers de construction.

Le mois dernier, la Cour suprême indienne a donné son feu vert à un plan expérimental imposant un taxe de 700 roupies (10 euros) pour les véhicules commerciaux et de 1.300 roupies (18 euros) pour les camions entrant dans la ville.

"La pollution créée par ce trafic inflige un lourd coût à la santé des habitants de Delhi", écrit la Cour dans sa décision du 12 octobre, prise après une requête d'un citoyen de la ville.

Les autorités de Delhi ont été critiquées ces dernières années pour leur incapacité à endiguer la pollution émanant de la circulation automobile et des usines dans cette ville de 17 millions d'habitants, classée capitale la plus polluée du monde par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Selon l'OMS, New Delhi est la capitale affichant le plus haut niveau de particules fines pm2,5, supérieur à Pékin.

Nombre de camions passent par le centre de la capitale pour éviter les péages en périphérie.

Les autorités espèrent que le nouveau péage va les encourager à changer leurs habitudes mais certains spécialistes ont des doutes sur l'efficacité de la mise en oeuvre de cette nouvelle taxe.

 

Cela ne résoudra pas le problème

Greenpeace India estime que cette décision, qui ne concerne pas les voitures individuelles, les camions citernes transportant de l'essence et les transports d'alimentation va déplacer la pollution sans la supprimer et que les chauffeurs emprunteront des itinéraires non surveillés.

"Nous devons voir son efficacité, mais cela ne va pas résoudre tous les problèmes", estime Sunil Dahiya, de Greenpeace India, auprès de l'AFP.

La capitale indienne risque de devenir la ville comptant le plus grand nombre de décès prématurés dus à la pollution de l'air d'ici 2025 avec 32.000 victimes, selon une étude de l'institut allemand, Max Planck Institute for Chemistry.

Plus de 8,5 millions de véhicules circulent à Delhi et 1.400 nouvelles voitures s'ajoutent chaque jour au trafic.

La capitale indienne connait chaque année une détérioration de sa qualité de l'air à l'approche de l'hiver quand les agriculteurs des Etats voisins se mettent à brûler le chaume, après les récoltes.

Les feux allumés par les plus pauvres pour se réchauffer aggravent encore la situation tandis qu'à Diwali, la fête hindoue des lumières cette année mi-novembre, correspond fréquemment au pic de pollution en raison des jets incessants de pétards et feux d'artifice.

Delhi a organisé la semaine passée sa première "journée sans voiture" mais cette initiative était très restreinte géographiquement et a eu lieu un jour férié.

© 2015AFP