Accident de bus de Puisseguin: questions sur l'incendie

Les spécialistes du transport s'interrogeaient vendredi sur l'embrasement d'un autocar en Gironde, après une collision avec un camion qui a fait 42 morts, mais réfutent les accusations de manque de sûreté de ce moyen de transport, brandies par certains.

"Le car s'est embrasé très, très rapidement", a indiqué à l'AFP le colonel de gendarmerie Ghislain Réty à l'AFP, et "les premières constatations nous laissent entrevoir que le camion était en portefeuille en travers de la route, et que le (car) l'a percuté, d'autant que le virage est incurvé".

Les photos aériennes montrent que l'autocar est venu percuter le camion à la jonction entre le tracteur et la remorque: "les réservoirs (de carburant) du camion ont bien été percutés par l'autocar", explique Michel Seyt, président de la Fédération Nationale des Transports de Voyageurs (FNTV), qui regroupe les autocaristes.

Le réservoir de gasoil se trouve "toujours au même endroit", selon un expert du transport routier, c'est-à-dire "au niveau supérieur des roues, derrière le moteur et la cabine", la cabine du conducteur se trouvant au-dessus du moteur.

Mais le camion, un grumier, utilisé pour transporter du bois, pourrait également avoir été équipé d'une grue, ce qui suppose un réservoir d'huile hydraulique pour l'actionner. "Si c'est le cas, la place du réservoir dépend du constructeur de la grue, car il s'agit d'une pièce rajoutée", détaille cet expert.

"Un car, ça ne brûle pas à cette vitesse", s'étonne toutefois Michel Seyt, précisant que le moteur d'un car se trouve à l'arrière. Ce "Mercedes Tourismo qui date de 2010 ou 2011, a un réservoir de carburant à l'avant, juste avant ou après les roues. Mais ça n'est pas un élément qui peut être percuté en premier dans un choc frontal", ajoute-t-il.

Cet accident, le plus meurtrier en France depuis celui de Beaune qui avait fait 53 morts en 1982, a lieu moins de trois mois après la libéralisation du transport longue distance par autocar, dans le cadre de la loi Macron, et certaines voix s'élèvent pour mettre en garde contre un moyen de transport qu'ils présentent comme dangereux.

 

Des accidents meurtriers mais rares

"Il s'agit d'un véhicule de service touristique. Cela n'a rien à voir avec les +lignes Macron+", réagit Michel Seyt.

Le député (PS) de Gironde Gilles Savary, spécialiste du transport, affirme que "le car est un mode de transport dix fois plus sûr que la voiture individuelle", et souligne que "les accidents de car, toujours très meurtriers, restent néanmoins rares, par rapport aux 65.000 bus et cars en circulation en France".

"Le car demeure l'un des modes de transport dont le risque d'accident mortel est le plus bas selon une étude paneuropéenne. Le nombre de morts par milliard de voyageurs-kilomètre pour les deux roues est de 52,593, contre 4,45 pour la voiture individuelle, 0,433 pour les bus et cars, 0,156 pour le train, 0,101 pour l'avion", détaille l'élu.

"Le transport par autocar est beaucoup plus sûr que la voiture. Les conducteurs sont des professionnels qui font l'objet d'un suivi régulier. Les véhicules sont plus contrôlés et roulent moins vite", renchérit Bertrand Mouly-Aigrot, spécialiste des transports et associé chez Archery Strategy Consulting.

"Que ce soit dans l'aérien, le ferroviaire, ou les transports publics, les accidents sont des drames qui suscitent toujours beaucoup d'émotion. Mais ils restent extrêmement rares", note-t-il encore.

Cet accident aura fait plus de morts que l'ensemble de ceux impliquant un autocar en 2014: 33 personnes avaient été tuées, dont 6 usagers d'autocar et 27 autres usagers, selon la Sécurité routière.

Pour Jacques Robin, ingénieur expert en accidentologie, le problème réside dans le fait qu'"un autocar large a croisé un camion large sur une route étroite qui fait manifestement cinq mètres de large. (...) Il faut limiter cette vitesse à 80 km/h" comme cela est actuellement expérimenté pour tous les véhicules sur quelques routes du réseau secondaire en France.

© 2015AFP