100% de taxis électriques: bonne idée mais difficile à appliquer

L'objectif de 100% de taxis électriques à moyen terme énoncé par la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal est louable, mais sera difficile à atteindre, ont prévenu jeudi des représentants de la profession.

Dans un entretien au Parisien, jeudi, Mme Royal a dit souhaiter que "d'ici cinq ans, tous les taxis et les bus soient électriques en ville", tout en soulignant que "c'est aux agglomérations de prendre leurs responsabilités".

Un "volontarisme" salué par le PDG de la société "Les Taxis bleus", Yann Ricordel, pour qui "la volonté politique d'accompagner la mutation du taxi vers davantage de véhicules électriques est nécessaire et enthousiasmante".

Mais M. Ricordel, dans un communiqué, a aussi remarqué que cet objectif "n'est pas compatible avec les contraintes économiques actuelles pesant sur la profession réglementée des taxis".

Les Taxis bleus, qui exploitent déjà dans leur flotte des Tesla - voiture américaine 100% électrique revendiquant jusqu'à 500 km d'autonomie -, militent pour qu'il soit permis d'exploiter une licence de taxi "sur deux véhicules distincts, à condition que l'un des véhicules soit électrique et que chaque chauffeur ne travaille pas en même temps", a rappelé M. Ricordel.

Les objectifs évoqués par Mme Royal vont bien au delà des dispositions de la loi sur la transition énergétique en cours d'examen au Parlement. Ce texte prévoit dans sa forme actuelle un seuil de 10% de véhicules "propres" pour les taxis, véhicules de transport avec chauffeur (VTC) et loueurs à l'horizon 2020.

Pour Didier Hogrel, président de la Fédération nationale du Taxi (FNDT), les propos de Mme Royal sont "des déclarations d'intention (...) en théorie c'est très bien mais dans la réalité ce n'est pas possible". "Il y a un problème d'autonomie, un problème de disponibilité de produits sur le marché et aussi un problème de coût" des véhicules électriques, a-t-il affirmé à l'AFP.

M. Hogrel a en outre pointé l'incohérence à ses yeux du dispositif fiscal actuel en matière de lutte contre la pollution atmosphérique: les taxis qui ont fait le choix de rouler avec des voitures hybrides essence-électricité "sont pénalisés fiscalement, parce qu'on ne récupère pas la TVA sur l'essence" contrairement au gazole, a-t-il noté.

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